Friday, July 31, 2009

Ayn Rand et The Fountainhead

The Fountainhead est le meilleur roman que j'ai lu depuis au moins un an.

Ayn Rand
sur l'essence de l'Objectivisme, la philosophie dont elle était la créatrice:

C'est le concept de l'homme en tant qu'être héroïque dont le but moral dans l'existence est la quête de son propre bonheur, dont l'activité la plus noble est la réussite productive, dont la raison est l'unique absolu.

Le roman était pour elle le moyen de populariser ses idées. Ses personnages illustrent tous une ou plusieurs facettes de sa philosophie. Leurs dialogues sont le plus souvent artificiels et leurs personnalités parfois peu crédibles. Pourtant, j'ai dévoré ce livre, fascinée par les protagonistes, captivée par l'intrigue et séduite par plusieurs des canons de l'Objectivisme. Tout en étant dégoûtée par d'autres, comme la position d'Ayn Rand contre l'altruisme et le filet social, et son admiration presque béate pour le capitalisme.

Comme je suis très paresseuse, et pas intellectuelle pour deux sous et demi, je ne ferai pas de résumé sur l'Objectivisme dans ce blogue. Vous en trouverez un résumé assez bien ficelé dans
Wikipédia.

Pour vivre, un homme doit tenir trois choses pour valeurs suprêmes et souveraines de la vie: la Raison, le Sens et l'Estime de soi.
Vous pouvez écouter le fameux discours du héros de The Fountainhead sur YouTube. Vous y trouverez aussi la bande annonce du film avec Gary Cooper, qui met surtout l'accent sur la passion qui unit et désunit tour à tour le héros et Dominique, la belle héritière qui refusait de s'attacher à rien ou à personne jusqu'à ce qu'elle rencontre le libre-penseur le plus intègre et le plus original du monde, Howard Roark.


Malgré ses défauts et la simplification extrême de la philosophie d'Ayn Rand, le film remporta un grand succès aux États-Unis. On était en 1949 et le monde pansait encore les blessures de la deuxième guerre mondiale. Une guerre dont la principale cause fut la glorification du conformisme et du sacrifice au profit de régimes totalitaires ou impériaux (fascisme chez les uns, communisme chez les autres et la soummission complète de tout Japonais digne de ce nom à son empereur.) Par ailleurs, cette année-là, de nombreux Américains éprouvaient une sainte horreur du communisme, péril rouge ou jaune, une idéologie anathème à celle de liberté individuelle qui permet à tout individu de prospérer et d'être heureux à condition qu'il le fasse en respectant des lois raisonnables.

En vieillissant, je réalise que toute religion ou idéologie qui vise à détruire l'égo et la faculté de penser librement, qui nous rappelle constamment que la plus grande des vertus est le sacrifice de soi au profit d'une idée ou d'un Dieu, ne peut être que délétère autant pour soi-même que pour l'humanité.

"L'égoïsme raisonnable" tel que défini par Ayn Rand sera peut-être l'élément clé d'une future société idéale. À condition qu'il ne soit pas tout à fait dépourvu d'amour pour soi-même et les autres.

Une définition du malheur d'exister: pratiquer un métier que l'on aime pas, vivre avec des gens que l'on aime pas, vivre dans un milieu qui ne nous convient pas, par esprit de sacrifice (que ce soit à un idéal ou à l'opinion de nos proches). Ce genre de sacrifice est inutile et gangrène la société dans laquelle on vit. Un exemple: l'infirmière qui pratique ce métier qu'elle déteste parce que c'est un métier noble, parce que son sacrifice la grandit à ses yeux, parce qu'en bonne chrétienne elle doit aimer tout le monde, même les patients les plus désagréables... ne peut être qu'une mauvaise infirmière. Les malades sentent bien qu'elle voudrait être ailleurs, même si elle ne sait pas où exactement, et les soins qu'ils reçoivent sont corrects, sans plus. Alors qu'une infirmière qui adore son métier malgré tous ses désavantages fera plus de bien aux patients par sa simple attitude, même quand elle est fatiguée ou de mauvaise humeur.

J'ai pris les infirmières comme exemple parce que j'ai passé une semaine à l'hôpital au mois de mai. C'était facile de détecter celles qui avaient une véritable vocation. J'ai aussi été soignée par des préposés aux bénéficiaires remarquables. Il y avait quelques mauvais éléments, des employés qui me rendaient mal à l'aise, mais ils étaient heureusement peu nombreux.

Ma vie est en pleine transformation... Pour la première fois, je n'ai pas envie d'écouter les "conseils éclairés" de mes proches afin de choisir une orientation professionnelle. J'ai gaspillé trop de temps à essayer de faire entrer un objet rond dans un trou carré afin de plaire aux autres. Je n'ai jamais été heureuse dans ma vie professionnelle et je ne suis jamais arrivée à garder un emploi plus de deux ans. Je dois changer pour survivre.

Ayn Rand m'aide beaucoup à réfléchir... objectivement.

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Lectures de juillet

La source vive (The Fountainhead) - Ayn Rand
Contes et nouvelles (1864-1874) - Émile Zola
L'autobiographie - Charles Darwin
Viva Bertaga! - San Antonio
Woody Allen, un ovni à Hollywood
Amicalement vôtre -
Roger Moore
Coffee with Groucho
- Simon Louvish

Sunday, July 05, 2009

Mario Bergeron, auteur de romans historiques

Mario Bergeron avait publié six romans d'une saga familiale qui se déroulait à Trois-Rivières au XXe siècle. Aussi distrayants, touchants, et captivants qu'éduquatifs, d'une grande rigueur historique, ils n'ont pas connu le succès qu'ils méritaient et son éditeur, JCL, l'a laissé tomber. Dans quelques mois, VLB va lancer un roman de Mario, Le temps des modernes. Une douce revanche...

J'ai une grande dette envers Mario Bergeron: c'est lui qui m'a fait connaître Pauline Garon. Alors c'est de tout coeur que je lui souhaite bonne chance.

Pauline Garon en 1929

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Un hommage à René Philippe et à ses "Sylvie"


Sylvie McCann rend un hommage très touchant -et très intéressant- à René Philippe, auteur des romans de la série Sylvie.

Lire "un Sylvie" fut l'un des délices de mon enfance. Il y en avait quelques dizaines dans la bibliothèque de ma mère, tous usés à force d'être lus et relus par elle et moi. Aujourd'hui encore, par les jours de blues, il m'arrive de me remonter le moral avec l'un de mes Sylvie préférés. J'ai une nette préférence pour les Sylvie rigolos et relire 10 jours de paradis est encore un vrai régal.

Ah! Les joutes verbales entre Sylvie et son mari, Gambier! J'aimerais seulement que Gambier les gagne un peu plus souvent.

Le côté irritant de Sylvie, même s'il ne la rend pas antipathique grâce au talent de René Philippe, est qu'elle est presque parfaite. Sylvie est belle, élégante et sexy, très intelligente et spirituelle, possède une santé de fer, a presque toujours raison, est juste assez non conformiste pour pimenter les intrigues, est l'épouse, la maman, l'amie et la patronne idéales, ne se prend pas trop au sérieux, etc.

Sylvie avait raison... comme d'habitude!

Son généreux créateur l'a de plus dotée de tous les talents (sauf de celui du dessin, voir la pieuvre qui ressemblait à une cornemuse dans un roman dont j'ai oublié le nom!) Comme une sorte de Houdini version hôtesse de l'air ou femme au foyer, elle parvient toujours à s'extirper des situations les plus inextricables -et périlleuses!- grâce à sa vivacité d'esprit et à son courage.

Ce qui frappe le plus chez les Sylvie, contrairement à d'autres séries romanesques, c'est le soin que René Philippe prenait pour écrire chacun des romans, et ses recherches souvent poussées (par exemple, pour Sylvie maman, il avait consulté un médecin et un psychologue). Il traite les sujets les plus délicats, controversés ou dramatiques avec autant de doigté que de sensibilité. L'intrigue est toujours captivante et l'écriture n'est jamais bâclée. Il aurait pu mépriser son héroïne et son lectorat de jeunes femmes la plupart du temps peu instruites, mais il n'est s'est jamais répété et n'a jamais cessé d'aimer ses personnages principaux, complexes et attachants. Le ton n'est jamais condescendant, même quand l'auteur nous fait la morale. Et ses prises de position étaient souvent en avance sur son temps, même si les Sylvie, par certains côtés, peuvent paraitre bien démodés aujourd'hui.

Quelques-uns de mes Sylvie préférés:

10 jours de paradis - Les mésaventures désopilantes du pauvre Gambier et les éclats de rire de Sylvie, toujours la plus belle en bikini, en vacances sur la Costa del Sol.

Sylvie et le dragon - Sylvie adore sa famille, mais la vie monotone de femme au foyer la laisse insatisfaite. Son spleen lui sert de muse pour écrire son premier roman, qui est publié bien sûr, puisque il s'agit de Sylvie l'invincible! Fascinant par son côté documentaire sur le monde de l'édition de l'époque.

Sylvie et Virginie - Virginie, fillette craintive et très sensible, a commis un vol à l'étalage. Sa mère veut découvrir pourquoi... L'un des Sylvie les plus touchant.

Sylvie et la dame en rose - Sylvie tient un rôle plutôt secondaire dans ce quasi polar sur un acteur qui se débarrasse de sa femme en faisant exploser un avion rempli de touristes.

Sylvie fait du cinéma - Eh oui, Sylvie a failli devenir une star de première grandeur, fantasme no 1 d'innombrables jeunes lectrices, mais, écoutant son coeur, elle renonce à sa carrière d'actrice pour épouser Gambier.

Sylvie et la dent d'Akela - Comment redonner sa confiance en soi au petit Éric, aussi fanfaron à la maison que trouillard à l'école? En faisant de lui un scout. Un sujet délicat traité avec sensibilité et avant-gardisme par l'auteur.

Sur le site de Sylvie McCann, on peut trouver une biographie de René Philippe réalisé avec la collaboration de membres de sa famille, des albums photos et une bibliographie.

Un très beau travail. Bravo et merci, Mme McCann!

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Frédéric Dard sur l'intelligence

L'intelligence, c'est ce qui permet à un individu de communiquer avec tous les autres. Elle implique, non seulement la compréhension, mais également la bonté. Partant de là, j'affirme, je clame, qu'il n'existe pas de salaud intelligent.

L'intelligence, c'est la tolérance. Elle ne doit s'insurger que contre la connerie, lorsque la connerie atteint ses points culminants; qu'elle devient tyrannique, répressive, contraignante.

L'intelligence, c'est la main tendue, le sourire tendu, le coeur tendu. Elle se nourrit davantage d'amour que de culture.

L'intelligence, c'est la fantaisie. C'est le grain de folie qui ne doit jamais germer, mais qui pimente si bien la grisaille quotidienne.

L'intelligence, c'est la modestie foncière, la permanence de la notion de fin dans l'esprit d'un homme.

L'intelligence, c'est la charité, c'est faire sienne la douleur des autres.

L'intelligence, c'est le respect de la paix sous toutes ses formes, c'est l'amour de ce qui est juste.

L'intelligence, c'est la mémoire d'un bonheur qu'on n'a jamais connu, mais qui vous sert d'espoir.

L'intelligence, c'est de dominer ses bassesses pour rester disponible.

L'intelligence, c'est regarder, entendre, toucher, humer, goûter le monde en tentant d'affiner ses sens au maximum pour en avoir une plus délicate perception.

Frédéric Dard (dit San-Antonio), 1973